Après neuf mois à utiliser le Pixel 6 Pro au quotidien, il est temps de faire le point sur ce test longue durée d'un smartphone frustrant sur les bords.
Le lancement des Pixel 6 et Pixel 6 Pro devait être un événement pour Google. Pour la première fois, il semblait alors que l’éditeur d’Android prenait les smartphones au sérieux. Après avoir sous-traité sa gamme Nexus à d’autres constructeurs, puis proposé des smartphones Pixel qui n’étaient pas destinés à se vendre en masse, les Google Pixel 6 devaient être les premiers smartphones conçus pour être vraiment vendus auprès du grand public. Preuve de son investissement, Google avait même communiqué à grand renfort de panneaux publicitaires et d’affichages 4 x 3, avait pris soin de développer sa propre puce et avait même augmenté la taille de son capteur photo principal.
Au moment de la sortie du Google Pixel 6 Pro, nous lui avions alloué la note de 9/10, signe d’un smartphone « excellent ». Mais après neuf mois à l’utiliser tous les jours, force est de constater que le smartphone s’avère relativement décevant.
Avant d’en arriver à mon expérience avec le Google Pixel 6 Pro, un petit point sur mon expérience personnelle — promis ça sera court. J’ai utilisé pendant deux ans l’Oppo Find X2 Pro, un smartphone qui m’a conquis pour sa personnalisation logicielle, ses performances en photo et sa charge rapide. Il y a quelques années, mon smartphone au quotidien était un Nexus 6P. À l’époque, si je trouvais son format encombrant, j’appréciais néanmoins l’expérience « pure » d’Android proposée alors et je voulais retrouver cette interface plus simple. Au moment de la sortie des Pixel 6, j’ai donc jeté mon dévolu sur le Pixel 6 Pro afin de le tester au quotidien sur le long terme — ce qu’on qualifie de « test longue durée » chez Frandroid.
Une expérience photo séduisante, sans être révolutionnaire
Pourquoi le Pixel 6 Pro plutôt que le Pixel 6 classique, plus compact ? Parce que je suis un amateur de photo et particulièrement de longues focales. Je voulais alors retrouver une expérience la plus proche possible du zoom optique x5 proposé sur l’Oppo Find X2 Pro que j’utilisais jusqu’alors. Et sur ce plan-là, j’ai été servi.
Je n’avais jamais utilisé de Pixel jusqu’alors — à l’exception du test du Pixel 3a XL il y a trois ans — et j’avais hâte de découvrir le fameux mode portrait tant vanté de la gamme de smartphones de Google, tout comme le mode nuit et l’efficacité du HDR. Et effectivement, le Pixel 6 Pro est capable de prendre des clichés de très bonne facture. Tant et si bien que, même si je me suis acheté un appareil photo hybride en fin d’année dernière, j’avais souvent tendance à dégainer le Pixel 6 Pro — rappelons que, par définition, le meilleur appareil photo est celui que vous avez toujours avec vous.
La grande polyvalence — permettant de passer d’un objectif équivalent 16 mm sur l’ultra grand-angle à un équivalent 24 mm sur le grand-angle à un équivalent 104 mm sur le téléobjectif — m’a permis de trouver, pour chaque scène, chaussure à mon pied. J’ai retrouvé, avec ce module, tout ce que j’attendais d’un bon photophone. Les outils proposés par Google m’ont également bien été utiles… dans une moindre mesure. La « gomme magique », intégrée initialement uniquement sur Google Photos pour les derniers smartphones de la firme, s’avère extrêmement pratique pour supprimer un plot disgracieux, un passant en arrière-plan ou un poteau qui gâche le paysage. En revanche, je n’ai pas trouvé d’usages réels aux deux nouveautés logicielles intégrées dans la fonction « mouvement » de l’application photo : panoramique avec mouvement et pose longue. Pour rappel, la première va permettre de faire un filé — capturer un sujet en mouvement net avec un arrière-plan flou — et la seconde va créer des rayons de lumière, pratique par exemple pour capturer les lumières des phares depuis un pont routier.
J’en viens désormais à une première déception sur ce Google Pixel 6 Pro : je m’attendais à de meilleures photos. Entendons-nous bien, le smartphone prend de très jolis clichés et offre une réelle polyvalence. Mais j’avais tellement entendu et lu que Google avait une avance folle sur la concurrence que, venant d’un Oppo Find X2 Pro, je n’ai pu être que déçu. À l’exception du mode HDR un peu plus efficace sur le Pixel 6 Pro que sur mon précédent smartphone, je n’ai pas observé de véritable bond qualitatif. Pire encore, depuis quelques mois, les constructeurs proposent désormais des capteurs bien plus larges — chez Xiaomi et Sony — ou des fonctions logicielles particulièrement avancées — chez Vivo ou Oppo — qui me font plus envie que l’aspect très conformiste du Pixel 6 Pro.
Peut-être que j’en attendais trop de cette expérience photo à la sauce Google. Sûrement, même. Mais force est de constater que la firme de Mountain View doit désormais faire face à une compétition féroce.
Une charge loin des standards de 2022
Malheureusement, mon utilisation précédente du smartphone d’Oppo a également mis en valeur d’autres lacunes du téléphone de Google. C’est le cas de l’autonomie… ou plutôt de la charge rapide. Certes, j’ai pris des goûts de luxe avec la puissance de charge de 65 W du smartphone d’Oppo, mais il faut bien admettre que le Pixel 6 Pro fait pâle figure avec plus de deux heures de charge pour une batterie remplie à 100 %. Surtout que le constructeur ne fournit pas de chargeur dans la boîte et que, celui dont je disposais, n’était pas compatible avec la norme Power Delivery PPS. Impossible dès lors d’utiliser les 30 W de puissance maximale proposée par le Pixel 6 Pro.
Dans la plupart des cas, cette lacune n’en est pas vraiment une, puisque la batterie de 5000 mAh vous permet d’attendre le soir pour recharger votre smartphone. Mais sur des journées chargées, même cette belle capacité pourra vous jouer des tours et on est alors frustré de ne pas pouvoir recharger le smartphone en une vingtaine de minutes.
Là où le Pixel 6 Pro m’a finalement le plus déçu, c’est sur l’expérience logicielle. Je ne parle pas là de l’interface, plutôt réussie, mais bel et bien des nombreux bugs qui ont émaillé le lancement du smartphone.
Une expérience logicielle peu intuitive
Qu’il s’agisse du lecteur d’empreintes capricieux, du capteur de luminosité qui fait des siennes ou du déverrouillage dans la poche de mon pantalon, j’ai passé les premiers mois d’utilisation à soupirer en utilisant le Pixel 6 Pro. Heureusement, les choses ont fini par s’arranger. Le capteur d’empreintes est désormais bien plus réactif — sans atteindre la vitesse d’un smartphone Oppo ou Vivo — le capteur de luminosité est bien plus réactif — il semble désormais prendre en premier lieu la luminosité devant l’écran et non plus celle au dos — et le déverrouillage intempestif a été réglé simplement en désactivant Smart Lock.
Mais malgré tout, il aura fallu attendre plus de six mois pour que tous ces soucis soient corrigés. Sans même parler de ceux que Google n’a toujours pas pris en compte. L’écran incurvé, par exemple, rappelle furieusement l’expérience des premiers modèles utilisant ce design, il y a six ou sept ans. Le smartphone capture de très nombreux appuis faits par la base de mon pouce au contact de la bordure — notamment lorsque je tape à une main. Pourtant, en 2022, je pensais que tous les constructeurs avaient intégré un système d’office pour analyser et corriger ces appuis fantômes. Il n’en est rien. Aucune fonction dans les paramètres logiciels ne permet de bloquer logiciellement ces appuis latéraux. J’en viens désormais à comprendre pourquoi autant de personnes râlent sur les smartphones aux bords incurvés. Quand c’est mal géré, ça devient vite extrêmement frustrant, surtout avec un smartphone de grand format.
Autre frustration en 2022, Google ne propose toujours pas de reconnaissance faciale sur son Pixel 6 Pro. Pourtant, la plupart des constructeurs concurrents proposent désormais le choix entre le lecteur d’empreintes digitales et la reconnaissance de visage pour déverrouiller leurs appareils. Même Apple a fait le choix de mettre de côté le lecteur d’empreintes, moins rapide que la reconnaissance de visage. Avec un capteur aussi lent que sur le Pixel 6 Pro, j’ai passé plusieurs mois à espérer que Google opte finalement pour une reconnaissance faciale — même si moins sécurisée — en vain.
Comme l’indiquait mon collègue Titouan dans son article recensant les nombreux bugs des Pixel 6 et Pixel 6 Pro, j’ai finalement eu l’impression d’avoir passé plusieurs mois avec un smartphone en phase bêta. Une expérience émaillée de nombreux soucis que la qualité photo, l’autonomie et l’interface utilisateur ont eu bien du mal à rattraper. Bien évidemment, il faut garder en tête le tarif de Pixel 6 Pro, lancé à 900 euros — et désormais proposé à 800 euros — quand ses principaux concurrents ultra premium dépassent désormais allégrement la barre de 1000 euros. N’oublions pas non plus qu’il s’agit du meilleur moyen de profiter des mises à jour d’Android le plus rapidement possible et que la qualité photo reste de très haute volée.
Mais après neuf mois passés avec le Pixel 6 Pro dans ma poche, j’en suis venu à me dire que Google est encore loin du niveau de constructeurs de smartphones plus rodés, comme Oppo, Xiaomi, Samsung ou Vivo.
Manu, qui utilise le Pixel 6, vous proposera bientôt son retour d’expérience qui s’annonce plus positif. Il n’a pas rencontré autant de problèmes. Restez à l’affût sur Frandroid.
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