ESPACE - C’est un scénario digne des films Armaggedon et Don’t Look Up. Que faire si un astéroïde venait à foncer droit sur la Terre ? Une hypothèse sérieusement étudiée par la Nasa et l’Agence spatiale européenne (ESA), qui y consacrent les missions DART et HERA, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Qu’est-ce que la mission DART ?
Cette mission a commencé le 24 novembre dernier, lorsque l’agence spatiale a envoyé un engin dans l’espace à bord d’une fusée Falcon 9. Ce module doit s’écraser, dans la nuit du 26 au 27 septembre à 1h14 (heure française), à une vitesse de 24.000 km/h sur l’astéroïde Dimorphos, une petite « lune » qui tourne autour d’un astéroïde plus gros, Didymos, situé à 11 millions de kilomètres de la Terre.
« La cible Dimorphos, c’est la taille parfaite pour ce type de mission, parce que c’est vraiment la taille d’un objet qui pourrait nous poser problème un jour, détaille au HuffPost Naomi Murdoch, l’une des scientifiques de la mission DART. Pourquoi ? Parce qu’il y a beaucoup d’astéroïdes de cette taille qu’on ne connaît pas encore et c’est vraiment de là que pourrait venir une menace un jour. » Rassurez-vous, Dimorphos ne représente pas de menace pour la Terre : son orbite autour du Soleil ne passe, au plus proche, qu’à 7 millions de kilomètres de nous.
Le moment de l’impact entre l’engin envoyé par la Nasa et l’astéroïde s’annonce spectaculaire, et pourra être suivi en direct sur la chaîne vidéo de l’agence américaine. Cette expérience grandeur nature vise à modifier la période de révolution du petit astéroïde autour du plus gros. « En ce moment, ça prend 11h55 pour que Dimorphos fasse le tour de Didymos. On pense que l’impact DART va diminuer la période de 10 minutes », précise Naomi Murdoch. Ramené au scénario terrestre, l’objectif est de savoir si l’humanité est capable de modifier volontairement la trajectoire d’un astéroïde qui menacerait notre planète.
Une mission spatiale kamikaze
Pour atteindre une cible si petite, le vaisseau se dirigera de façon autonome durant les quatre dernières heures, comme un missile auto-guidé. Sa caméra, appelée Draco, prendra au dernier moment les toutes premières images de l’astéroïde, dont on ne connaît pas encore la forme. À un rythme d’une image par seconde, visibles en direct sur Terre avec un (petit) délai de 45 secondes.
Trois minutes après l’impact, un satellite de la taille d’une boîte à chaussures, appelé LICIACube et relâché par le vaisseau il y a quelques jours, passera à environ 55 km de l’astéroïde pour capturer des images. Elles seront renvoyées vers la Terre dans les semaines et mois suivants. Mais pour avoir de véritables données sur l’impact de DART, il faudra attendre la sonde européenne HERA.
Cette sonde doit décoller en octobre 2024 pour une arrivée en 2026 sur Dimorphos. Objectif : retourner sur la « scène du crime » pour évaluer les conséquences de l’impact de DART. « Elle va nous donner le résultat détaillé en termes de taille du cratère. Mais elle va aussi nous donner pour la première fois, des informations détaillées sur la structure interne d’un astéroïde. Ça n’a jamais été fait. Et cela grâce à un radar dont l’expertise est française », explique Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS et responsable scientifique de la mission Hera à l’ESA.
Les scientifiques s’attendent à être surpris par les résultats des investigations. Car « on ignore presque tout » de ces corps célestes, indique l’astrophysicien. « C’est un nouveau monde qu’on va découvrir ». Pour lui, les astéroïdes « ne sont pas de simples cailloux ennuyeux dans l’espace, mais des petits mondes géologiques fascinants et complexes, avec cratères, bassins, champs de roche, éjections de particules... »
Mais la science peine à appréhender ces territoires du fait qu’à leur surface, la gravité est très faible par rapport à celle de la Terre : le comportement de la matière y est « totalement contre-intuitif, on ne peut pas se baser sur des images pour savoir comment les astéroïdes se comportent, il faut aussi les ’toucher’ », insiste Patrick Michel.
Remonter aux origines du Système solaire
Les systèmes binaires, comme Didymos et son satellite Dimorphos, représentent environ 15% des astéroïdes connus et n’ont jusqu’ici pas été explorés. Forme, masse, composition chimique, structure interne, résistance au choc, forme du cratère causé par DART : les instruments de HERA devraient livrer les secrets de Dimorphos. En fin de mission, un micro-satellite ira même se poser à sa surface, pour mesurer la manière dont il rebondit.
« Aujourd’hui, nous sommes dans une ère où toutes les surfaces solides du Système solaire ont des cratères. Pour retrouver le scénario originel, nous devons comprendre ce qui se passe quand deux corps entrent en collision ». Pas en laboratoire, mais à échelle réelle grâce au couple DART-HERA, espèrent les scientifiques.
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