jeudi 19 mai 2022

Les vaisseaux spatiaux, nouvel enjeu de souveraineté - Le Monde

Essai de lancement d’un Starliner Boeing à Cap Canaveral (Floride, Etats-Unis), le 29 juillet 2021.

Moment crucial pour Boeing. Après un premier échec en décembre 2019, l’avionneur américain va de nouveau tester la fiabilité de son vaisseau spatial Starliner. Jeudi 19 mai, hors ultime problème technique ou aléa météorologique, une fusée Atlas V décollera de Cap Canaveral, en Floride, emportant cette capsule qui devra alors rallier la Station spatiale internationale (ISS) et s’y arrimer.

Pour ce test, personne ne sera à bord. En cas de succès, Starliner sera, dès 2023, l’un des deux véhicules américains, avec le Crew Dragon, de SpaceX, à emmener des astronautes vers l’ISS ou à les ramener, comme l’a décidé la NASA il y a près de huit ans, en septembre 2014.

Si, depuis 2020, le taxi de SpaceX a mené cinq missions avec des équipages, celui de Boeing n’a connu que des déboires. Lors de son premier vol d’essai, le vaisseau s’est placé sur la mauvaise orbite en raison d’un problème de logiciel. Impossible de rejoindre l’ISS. Autre frayeur, juste avant son retour sur Terre, un bug affectant les propulseurs a été détecté et corrigé de justesse. Et ce n’est pas fini : en août 2021, une nouvelle tentative a dû être annulée juste avant le décollage, à la suite d’un problème de valves sur le système de propulsion.

L’enjeu est de taille pour Boeing face à un SpaceX bien décidé à devenir incontournable dans le monde spatial et à donner le ton. Après s’être imposée en moins de dix ans sur le marché des lanceurs avec sa fusée Falcon 9, la firme d’Elon Musk entend creuser l’écart dans les vols habités, pour ses propres ambitions vers la Lune et Mars avec sa fusée Starship, mais aussi pour ceux de la NASA. Ainsi, dans le cadre de son programme Artemis visant à revenir sur la Lune en 2025, l’agence américaine l’a sélectionnée pour fournir la navette qui déposera les astronautes sur le sol lunaire.

La NASA a aussi comme projet, à l’horizon 2030, la Lunar Gateway, une petite station spatiale internationale évoluant en orbite autour de la Lune, où les astronautes pourront faire des expériences et qui, dans un futur lointain, pourrait servir éventuellement de station-service pour assurer le ravitaillement en carburant de navettes en route vers Mars.

Géostratégique

Après cinquante ans d’absence, ce retour sur le satellite naturel de la Terre est d’autant plus important que les Etats-Unis ne veulent pas laisser la place aux Chinois, Pékin ayant fait de l’installation lunaire un enjeu géostratégique. D’autant que l’Inde, le Japon et les Emirats arabes unis s’y intéressent également.

D’où l’importance, dans cette nouvelle phase d’exploration spatiale, de disposer de vaisseaux. Si les Etats-Unis en sont dotés, tout comme la Chine avec Tianzhou ou la Russie et ses Soyouz, l’Europe en est dépourvue. Voici trente ans, elle avait envisagé de construire une navette, mais le programme Hermès, jugé trop coûteux, avait rapidement été abandonné. Depuis, l’Agence spatiale européenne (ESA) participe activement aux différents programmes internationaux de la NASA comme l’ISS, le vaisseau spatial Orion à destination de la Lune, ou la Lunar Gateway avec des contrats signés par ArianeGroup et Thales Alenia Space.

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