News jeu FF16 : "Le J-RPG rebute", voici pourquoi le terme de jeu de rôle japonais fait polémique
Récemment, Final Fantasy XVI est sous le feu des projecteurs après que la presse ait pu mettre les mains sur le titre pour la première fois. À cette occasion, Naoki Yoshida, le producteur du titre, et ses équipes ont accordé de nombreuses interviews. Depuis quelques jours, l'une des réponses du développeur japonais concernant l'utilisation du terme "J-RPG" a beaucoup fait parler d'elle et entraîner une petite polémique sur les réseaux sociaux.
Sommaire
- Ne dites pas que Final Fantasy XVI est un J-RPG
- Un mépris de la part occidental ?
- Au fait, pourquoi parle-t-on de J-RPG ?
Si vous suivez les cercles de jeux vidéo sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être entendu parler de la dernière polémique qui agite les joueurs. Cette fois, il s'agit de l'expression "J-RPG", pour désigner les jeux de rôle de japonais, qui déplaît fortement aux développeurs nippons à cause de la connotation péjorative derrière le terme. Le débat a été lancé suite au Media Tour de Final Fantasy XVI, mais une remise en contexte s'impose.
Ne dites pas que Final Fantasy XVI est un J-RPG
Annoncé pour la première fois en septembre 2020, Final Fantasy XVI s'est enfin laissé approcher à la presse à l'occasion d'un Media Tour. Nous avons fait partie des heureux élus à pouvoir y jouer et on vous a livré nos impressions ici. Comme on avait pu voir dès l'annonce du projet, le titre continue dans le tournant action opéré par Final Fantasy XV en allant encore en plus loin, en flirtant même avec le beat'em all à la Devil May Cry 5. Après cette session de jeu, de nombreux médias, dont nous, ont pu s'entretenir avec des membres clés de l'équipe de développement. Parmi eux, on retrouve Hiroshi Takai, le directeur du titre, Ryota Suzuki, le directeur des combats, et évidement Naoki Yoshida, producteur du titre et réalisateur de Final Fantasy XIV, et c'est une déclaration de ce dernier qui fait beaucoup parler d'elle.
Comme le résume parfaitement un article de RPG Site, le YouTuber Skill Up a demandé à Naoki Yoshida et ses équipes dans le cadre d'une interview si les jeux d'action n'étaient pas devenus la norme, même dans le monde du J-RPG compte tenu de la tournure prise par FFXVI. À cela, le producteur répond que les développeurs n'ont pas produit ce titre en prenant en compte qu'il s'agissait d'un J-RPG, simplement d'un jeu de rôle. Il continue en explication que le terme est devenu une pure distinction qui est utilisée exclusivement par les médias occidentaux plutôt que par les joueurs ou les médias japonais. Pire, la formule énerverait certains membres de l'équipe de développement compte tenu de ce qui a été associé au terme par le passé.
"À l'époque où le terme est apparu il y a quinze ans, et pour nous les développeurs, la première fois que nous l'avons entendu, c'était mot discriminatoire", explique Naoki Yoshida. Par cela, il sous-entend que l'expression de J-RPG est là pour différencier les titres japonais des jeux de rôle occidentaux, avec un effet négatif induit. Un peu plus tard, Naoki Yoshida reconnaît que l'expression a retrouvé des connotations positives, mais qu'il reste des développeurs japonais pour qui ce terme est trop restrictif, donne le sentiment d'être compartimenté et surtout rappelle de mauvais souvenirs.
Un mépris de la part occidental ?
Suite à ce commentaire de la part de Naoki Yoshida, on a vu fleurir sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, des exemples de médias, surtout américains, qui se moquent des J-RPG, exactement comme le producteur japonais évoquait. Parmi les vidéos qui ont le plus circulé, on retrouve un extrait de X-Play, une émission diffusée sur G4 TV, une chaîne de télévision consacrée aux jeux vidéo. Dans la vidéo qu'on vous a glissée juste en dessous, on voit les présentateurs se moquaient de Baten Kaitos Origins qui n'est malheureusement pas sorti chez nous. À travers cette "review", les animateurs n'hésitent pas à dire que le titre de Monolith Studios est la preuve que le Japon est en déclin. Pour rappeler, Baten Kaitos Origins a la note de 19/20 dans nos colones. De plus, ils enchaînent en se moquant du cliché du jeune amnésique héros qui doit sauver le monde, mais aussi du nom du personnage principal, Sagi, en faisait même des imitations et animations racistes.
https://twitter.com/TarksGauntlet/status/1631809089385660416
Et ça, ce n'est qu'un extrait parmi tant d'autres, car G4 TV avait fréquemment l'habitude de se moquer des J-RPG comme le prouvent d'autres compilations postées sur Twitter. Le fait que Hironobu Sakaguchi, "papa" de la saga Final Fantasy, se voit couper la parole durant une interview au bout de vingt secondes dans cette vidéo montre bien le respect de la chaîne de télé envers les créateurs japonais. Si ces vidéos ne sont que la partie visible de l'iceberg, elles illustrent parfaitement les propos de Naoki Yoshida qui résument bien le sentiment des développeurs japonais envers cette appellation qui est là depuis un moment. Il y a plus de dix ans, Tetsuya Takahashi, le créateur de Xenosaga et Xenoblade Chronicles qui travaille chez Monolith Software donc, avait déjà exprimé la même chose en interview. Il évoquait une forme de moquerie qui était due, selon lui, à un manque d'évolution du genre au fil des ans.
Au fait, pourquoi parle-t-on de J-RPG ?
Maintenant qu'on comprend mieux la déclaration de Naoki Yoshida, on peut se demander comment on en est arrivé là et pourquoi le terme a été créé. Au départ, le jeu de rôle japonais était connu surtout sur consoles de salon comme en témoigne celui qui est un peu considéré comme le "père fondateur", à savoir Dragon Quest sorti en 1986 sur Famicom. Ainsi, initialement, l'expression de J-RPG est créé pour les différencier des C-RPG, pour computer role playing game ou jeu de rôle pour ordinateur, souvent développé par des studios occidentaux. Si les deux genres s'inspirent des mêmes choses, les C-RPG appliquent (au départ) à la lettre les codes du jeu de rôle papier comme le prouvent comme Baldur's Gate qui se déroulent dans l'univers de Donjons & Dragons. Finalement, c'est dans les années 90 que le genre du J-RPG connaît son heure de gloire, avec des grands titres aussi bien sur SNES que sur PlayStation, mais également grâce à une ouverture au marché occidental avec Final Fantasy VII par exemple. À l'époque, le genre est synonyme de graphismes exceptionnels, d'une histoire incroyable et d'une richesse de contenus.
Si la popularité du genre continue sur la génération suivante de machine avec la PS2, c'est vraiment avec la génération Xbox 360/PS3 que les choses se compliquent. À cause de l'architecture complexe de la nouvelle console de Sony et des moyens demandés pour produire des expériences modernes, le jeu vidéo japonais en général souffre beaucoup durant la septième génération de consoles, en particulier le J-RPG. C'est à ce moment-là que le genre est victime de ses clichés, avec des histoires de sauver le monde qui tournent en rond, des archétypes de personnages prévisibles ou encore des combats au tour par tour qui ne sont plus dans l'ère du temps face à la popularité des jeux d'action. Tout cela réuni fait que les J-RPG ne collent plus aux envies des joueurs occidentaux et expliquent donc que le terme gagne une connotation péjorative que les développeurs japonais ressentent depuis.
Aujourd'hui, l'expression recouvre une large variété d'expériences de qualité reconnue du grand public qui fait que la connotation négative s'évapore petit à petit. On retrouve aussi bien des AAA comme Tales of Arise, des expériences à l'ancienne à la Octopath Traveler II, d'autres plus intrigantes comme NieR, des titres influencés par les anime comme Persona 5 Royal et même de grands mondes ouverts à la Xenoblade Chronicles 3 ou encore d'immenses histoires connectées comme la série des Trails. Dans tout ça, même la grande saga du J-RPG, Final Fantasy, regagne le coeur des joueurs avec Final Fantasy VII Remake et Final Fantasy XIV qui se jouent aussi bien en solo qu'en multijoueur. Avec une telle offre, chacun y trouve son compte dans ce genre qui s'est renouvelé avec l'arrivée de la PS4 en 2014, puis de la Switch en 2017. Cela se voit surtout en 2017 qui marque le grand retour en force du jeu vidéo japonais avec la sainte trinité Breath of the Wild, NieR Automata et Persona 5. Et compte tenu de l'offre proposée au début des années 2020, on peut dire que le J-RPG a de beaux jours devant lui et que les connotations négatives devraient s'effacer au fil du temps avec, qui sait, des titres comme Final Fantasy XVI.
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